Poétique du neutre et question de lʼÊtre dans l’oeuvre poétique dʼAndrée Chedid et de Jeanne Benguigui

Abstract

ENG: This thesis focuses on the implementation of neutral writing in the complete poetic works of two 20th century poets: Andrée Chedid, a Franco-Egyptian writer, and the Algerian poet Jeanne Benguigui. We show that this neutral writing, directly inspired by the literary aesthetics of Maurice Blanchot, offers itself as a premise for the emergence of the concept of Being as defined by Martin Heidegger. The first objective is thus to show that these two poets were influenced by continental philosophy and post-structuralist theory. In order to interpret and then define the neutral writing, the analytical work carried out focuses on the use of different literary modalities that participate in the construction of neutrality. By analysing the metapoetry of the authors, we demonstrate first that the genre of poetry allows the most complete exploration of neutrality, and therefore also of Being. Secondly, we explain that neutrality is a notion based on paradox and highlight the oxymoronic values attached to the poetic texts. Thirdly, we establish the body as a medium of neutrality, since it allows the subject to question itself and its presence in the world. This leads to the edification of a so-called impersonal body, that is to say a corporeal existence that embodies the neutral and thus allows the subject to detach itself from its own body. Finally, we demonstrate that the withdrawal of the subject – as understood in classical philosophy – allows the Being, this neutral entity, to emerge and impose itself on the poet as well as on the readers, while presenting them with a metaphysical reflection on the meaning of existence. FR: Cette thèse se concentre sur l’implémentation d’une écriture du neutre dans l’oeuvre poétique complète de deux poètes du 20ème siècle : Andrée Chedid, franco-égyptienne, et la poète algérienne Jeanne Benguigui. Nous montrons que cette écriture du neutre, inspirée directement de l’esthétique littéraire de Maurice Blanchot, s’offre comme une prémisse à l’émergence du concept d’Être tel qu’il a été défini par Martin Heidegger. Le premier objectif est ainsi de montrer que ces deux poètes ont été influencées par la philosophie continentale et la théorie poststructuraliste. Afin d’interpréter puis de définir l’écriture du neutre, le travail d’analyse se concentre sur l’utilisation de différentes modalités littéraires qui participent à la construction du neutre. Nous démontrons dans un premier temps que le genre de la poésie permet l’exploration la plus complète du concept de neutralité, et par conséquent d’Être, en analysant la métapoésie des autrices. Dans un second temps, nous expliquons que le neutre est une notion fondée sur le paradoxe et mettons en lumière les valeurs oxymoriques rattachées aux textes poétiques. Dans un troisième temps, nous érigeons le corps comme médium du neutre, puisqu’il permet au sujet de se questionner et de questionner sa présence dans le monde. Cela mène à l’édification d’un corps dit impersonnel, c’est-à-dire d’une existence corporelle qui incarne le neutre et de ce fait, permet au sujet de s’en détacher. Enfin, nous démontrons que le retrait du sujet – tel qu’il est entendu dans la philosophie classique – permet à l’Être, cette entité neutre, d’émerger et de s’imposer au poète ainsi qu’aux lecteurs, tout en leur présentant une réflexion métaphysique sur le sens de l’existence.